Banque mondiale : Andrew Dabalen, cheville ouvrière de la mue de l’institution de Bretton Woods

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Pauvre un jour, pauvre toujours ? Le titre de ce billet de blog signé par Andrew Dabalen pourrait résumer le CV de celui qui est devenu, le 1er juillet, l’économiste en chef pour l’Afrique subsaharienne de la Banque mondiale.

Sa fiche de poste est aussi courte que complexe à appliquer : il s’agit d’analyser les problèmes urgents et de structurer des réformes politiques et institutionnelles pertinentes pour y remédier. Andrew Dabalen, né au Kenya et formé aux États-Unis, est spécialiste du développement international (maîtrise à l’université de Californie, Davis en 1992), d’agriculture et de ressources naturelles (doctorat à l’université de Californie, Berkeley en 1998).

La dynamique de la pauvreté

Au cours des deux décennies qu’il a passées à la Banque mondiale, il a dirigé des recherches et des travaux d’évaluation de la pauvreté dans différents pays africains et d’Europe centrale, notamment au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Nigeria, en Albanie, au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine et en Serbie. En 2016, alors qu’il occupe le poste d’économiste en chef pour la mise en pratique des politiques en matière de pauvreté et d’équité, il analyse les conséquences de la présence de la Chine sur la pauvreté en Afrique : « Beaucoup de pays africains qui dépendent du commerce avec la Chine seront pourtant incapables de fournir les services essentiels à leur population pauvre. Ce qui fait courir le danger de la stagnation de la pauvreté, voire de son augmentation. Il y a ici un vrai risque. »

Par ses travaux et ses réflexions sur la méthode statistique de comparaison des données, le nouveau chief economist fait partie de ces chercheurs de haut niveau qui ont contribué à transformer la nature de la Banque mondiale, la faisant évoluer d’une institution qui servait principalement les grandes économies en une organisation innovante qui comprend la dynamique de la pauvreté qui sévit en Afrique.

Une orientation qui a permis aux institutions de Bretton Woods (avec le Fonds monétaire international) de resserrer leurs actions autour de trois fondamentaux : des programmes mieux financés, un allégement de la dette pour faciliter la réduction de la pauvreté et une assistance technique visant à réduire l’écart de revenus avec les économies avancées. Un changement de politique notable, observé par exemple dans le secteur de l’électricité où la BM a encouragé l’octroi de prêts concessionnels pour les infrastructures et la privatisation du secteur à partir des années 2000. Cette démarche visait à stimuler le développement durable et l’aide financière dans des pays comme le Kenya, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Zimbabwe.

Analyses « non-officielles »

Andrew Dabalen a évidemment travaillé sur les conséquences du Covid-19, toujours dans une optique pratique, pour proposer le plus rapidement possible des solutions politiques concrètes afin d’éviter que la pauvreté ne s’enkyste. Dans ses analyses publiées sur le site de la Banque mondiale, il explique comment les gouvernements doivent d’abord se faire une idée précise du niveau de pauvreté dans leur pays, et de qui elle touche, avant d’élaborer une politique.

Or la pandémie a créé de nouveaux pauvres qu’il faut absolument identifier afin de pouvoir les aider. Pour ce faire, l’économiste est convaincu qu’il faut s’affranchir des données officielles : « Nous proposons aux gouvernements d’utiliser des données non-officielles, et pourtant utiles. Cela peut être des informations recueillies par les communautés d’entraide, par les coopératives, par les compagnies de téléphonie. À moyen terme, il s’agit de constituer une base de données universelle qui permettra, même à un groupe très ciblé localement, d’être aidé selon ses besoins spécifiques. »

Résilience

Mais le véritable test pour un artisan de la réduction de la pauvreté comme Andrew Dabalen est l’impact de son travail lorsqu’il est à la barre, principalement évalué par des données objectives. Il a coécrit des rapports régionaux sur l’égalité des chances pour les enfants en Afrique, la vulnérabilité et la résilience au Sahel et la pauvreté dans une Afrique en plein essor. Il a publié un certain nombre d’articles scientifiques et de documents de travail sur la mesure de la pauvreté, les conflits, les résultats en matière de bien-être et les inégalités salariales.

La première tâche de l’économiste américano-kényan sera de diriger la mise en œuvre de diverses mesures d’intervention contre l’inflation galopante, qui frappe durement les communautés marginalisées et vulnérables du continent, risquant de compromettre les mesures de lutte contre la pauvreté.

Dans un contexte mondial fort agité, il est urgent, selon lui, de se préparer au pire pour préserver les progrès accomplis : « Pour construire une résilience efficace contre les futurs chocs globaux comme les pandémies, le réchauffement climatique ou les conflits, il s’agirait d’investir dans les infrastructures numériques pour les rendre plus abordables et accessibles à tous, au même titre que l’eau et l’électricité. Il faut aussi renforcer les subventions à la production locale : de nombreux pays africains étant trop petits pour financer cet effort, il faut un engagement urgent en faveur de la résilience régionale. »


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